Vendredi 27 avril 2018 : La Havane. Cuba
Lever tôt après une mauvaise nuit. Glück se demande si on a fait le bon choix. Il a des remords. Est-ce vraiment raisonnable de quitter La Havane en voiture pour découvrir Cuba pendant 15 jours alors qu’on n’arrive à rien réserver en touriste indépendant ?
On petit déjeune avec le doute en nous.
On a préparé nos sacs de voyage. Le proprio arrive. Il est toujours aussi mielleux, tactile et faux-cul. Il tient à tout vérifier tasse par tasse, assiette par assiette pour notre check out. Un vrai maniaque.
Pendant ce temps Glück quitte l’appartement
Et marche jusqu’à l’Hôtel Iberostar Parque Central
pour se rende à l’agence de location de voiture
Au lieu de la Volkswagen qu’on avait reservée, Glück se fait fourguer une voiture chinoise: une Geely GC6
Basique mais pas si mal en fait
ça va elle roule bien ! Il récupère le reste de la famille Glück en bas de notre immeuble
Puis Glück file dans la galerie commerçante de la epoca pour acheter un sac qu’il a repéré la veille pour remplacer le sac rouge ,qui au bout de 9 mois de voyage a rendu l’âme. Mais apparemment c’est compliqué, celui la n’a pas de code barre et la vendeuse doit retourner tout le magasin pour trouver le prix en CUC. Allez c’est réglé maintenant on peut filer.
Vamos pour l’Aventura en auto !
Sauf que… moins de 5 minutes après, la voiture cale au milieu de la rue. Impossible de redémarrer.
Plus de jus.
Les gens autour s’en foutent.
Derrière ça klaxonne.
Un camion est coincé par notre voiture et les mecs dedans finissent par venir pousser notre caisse en panne, non pas pour nous aider mais parce qu’ils comprennent que c’est le seul moyen pour eux de passer.
Un bon coup de chocage et le moteur repart. Ouf
c’est quand même incroyable : personne ne nous a aidés quand on est tombé en panne de voiture au milieu de la rue, avec nos enfants qui pleuraient !! on se sent tellement loin de ce qu’on a connu jusqu’alors en Amérique latine ….
On fait directement demi-tour , direction l’agence de location. Pourvu que la voiture tienne le coup! ça y est on arrive chez le loueur.
Maintenant on va essayer de faire annuler la location et se casser d’ici, car là c’est la goutte d’eau de trop !
Le gars à la réception doit appeler sa chef . Elle mettra une heure à arriver.
Pendant ce temps là on s’installe au bar de l’hôtel où on achète une connexion internet.
Dame Glück fait illico nos demandes d’entrée au Canada , au cas où
on se ferait refouler aux États Unis! Heureusement ça marche immédiatement car ça a consommé tout le temps de connexion.
La chef arrive. Et s’ensuit une rude discussion avec Glück autour du problème. Le tout en espagnol. Heureusement que Glück maitrise bien la langue car il y aura des entourloupes et des finesses de langage.
1- Elle a d’abord dit qu’on devait se débrouiller avec la voiture car la panne n’est pas avérée et elle n’a pas d’autre voiture à nous proposer.
2- Puis elle propose une autre voiture, sortie de nulle part comme par enchantement de son chapeau de magicien.
3- Échaudés, on refuse car circuler sur des routes délabrées avec une vieille caisse sans téléphone ni internet parmi des gens plutôt peu aidants ne nous intéresse plus.
4- Puis elle lâche prise et accepte. Elle fait ses calculs et tente de ne nous rembourser que quelques CUC. En fait elle essaie de nous faire payer toute la location des 15 jours soit disant pour payer l’assurance avec un prix majoré.
5- Alex et Glück lui montrent toutes ses erreurs de calculs. Son associé sourit en voyant notre démonstration.
6- Elle finit par rendre les armes. On a gagné ! Elle nous a quand même compté une journée de location complète mais on a limité la casse.
On offre un gâteau aux enfants qui n’ont pas une journée très marrante.
Pour la première fois en 10 mois de voyage, on ne se sent pas à notre place. Ici on est malheureux. Inutile d’insister.
Maintenant notre but c’est de trouver des billets d’avion pour quitter Cuba le plus vite possible.
On cherche un taxi pour nous emmener à American Airlines.
Allez, on va faire plaisir à Glück : et si on y allait en… vieille américaine comme dans ses rêves, on va se la péter !!!!
Les gars sont super chaleureux.
En route !
Le chauffeur est bien sympa – enfin un cubain avec qui on peut discuter !
On arrive sur le Malecon
Il nous raconte même sa vie à Cuba. Cuba connaît depuis 2010 une relative libéralisation de son économie, avec l’autorisation de se mettre “à son compte” (Cuentapropista) et il vit de sa propre entreprise.
L’Etat accepte désormais le principe de “propriété privée”. La voiture appartient à lui et son frère.
Il nous explique comment il fait pour l’entretenir et la réparer. Elle est superbe. Pas simple à Cuba de trouver des pièces détachées. Il a sa petite affaire familiale. Il n’existe que 3 voitures comme la sienne à Cuba . Tout est d’origine ,sauf la climatisation qui est…. chinoise.
Il nous explique que chaque année au 1er mai tous les salariés d’Etat ont l’obligation d’être présent à la Place de la Révolution. Mais lui en est exempté car c’est un cuentapropista (comme seulement 13% des travailleurs).
On arrive au Miramar Business Center devant l’agence American Airlines.
Notre Conductor nous propose de nous attendre pendant nos démarches.
Dans l’agence :
– 1ère mauvaise nouvelle : il n’y a pas de vol aujourd’hui
– 2ème mauvaise nouvelle : pénalités de 200 us dollars par personne pour changer le billet, sans compter le réajustement tarifaire. Mais on en a trop marre , on fait une croix sur nos vols prévus dans 20 jours et on réserve pour un nouveau vol qui décollera demain
– 3ème mauvaise nouvelle : faut payer en effectivo (cash) 990 CUC et on n’en a que 650 ! Qu’importe pas question de lâcher le morceau, et Dame Glück file au distributeur de CUC le plus proche
et là …. sur les 2 distributeurs de billets, un seul fonctionne
Une file de 23 personnes devant … le gars derrière qui dit : je parie pour une heure d attente
Cécile discute avec le gars et les 2 dames devant, elles ont l air de penser aussi que ce sera long…
Je dis : “pourquoi pensez vous ça ?”
Il me répond en souriant : “c est cuba !”
Oui, mais la machine elle va à la même vitesse dans tous les pays, non ? Ben oui…sauf à cuba 😀
…pauvre Glück qui pendant ce temps est dans l agence avec les 3 petits monstres ….
Dame Glück finit par obtenir les CUC et se rue à l’American Airlines pour rejoindre les 4 gars, ouf, c est bon , on a les billets !
Les employés sont plutôt sympas, on discute un moment . Ils ont été très cool et attendris par nos enfants turbulents.
Notre taximan a été super patient et nous a attendu plus de 2 heures !
C’est un gars en or.
On lui demande s’il peut nous ramener au loueur auto car oups… Glück a oublié de rendre les clés de la voiture de loc…
Le loueur est dehors, et super soulagé de nous voir revenir avec les clés !
Puis on dit au taxi – il nous aura vraiment bien sauvé la mise celui la !- qu’on n’a pas de chambre pour le soir et qu on cherche ou dormir. Mais pas à l’hôtel, on a juste besoin d’une petite casa particulares pour la nuit dans un quartier qui ne craint pas trop.
Il nous amène chez une mamie bien sympa dans un quartier tranquille près d’ici.
En l attendant, on voit des gars amener des sacs de ciment dans la maison d’à côté qu’on pensait être un squat. En fait ils sont en train de la retaper et quand Glück demande s’il y a des aides de l’état ou de la ville, et bien non, il n’y en a pas.
On rentre dans un immeuble avec notre taximan et on monte jusqu’au 2e étage.
Une vieille dame vient nous accueillir chaleureusement et s’arrange pour bien nous installer . Bon, c est seguro mais elle nous répète quand même bien et avec insistance de n’ouvrir en aucun cas et à personne. Oups…
Ici toutes les habitations ont 3 ou 4 verrous voire une grille devant la porte.
Mais chez elle on se sent tout de suite bien et en plus elle n’essaiera pas d’abuser de notre désarroi pour nous arnaquer.
Tout d’un coup du bruit dans la rue… des cris
Les gens s’agglutinent à leurs fenêtres et aux paliers de leurs portes pour voir ce qu’il se passe
Des gens courent dans tous les sens dans la rue.
2 groupes s’affrontent.
Un gars reste par terre à moitié inconscient. Il est ensuite porté par 2 autres gars, évacué, volatilisé, disparu.
A La Havane on nous dit que les rues sont sûres mais les gens se battent sous nos yeux et ramassent les blessés.
Et la rue reprend son rythme comme si de rien n’était.
Visiblement il y a eu un combat, même si le chauffeur nous dit qu’il est “tombé”.
Apparemment ici, mieux vaut éviter certains sujets.
Notre super taximan repart après s’être assuré qu’on est bien installés. On se donne rendez vous pour le lendemain, pour nous conduire à l’aéroport.
Notre hôtesse part en ville pour travailler et faire des courses. Elle nous répète de bien fermer à double tour les portes.
Bon maintenant on peut enfin souffler un peu après cette journée épuisante. On s’installe tranquillement et il n y a plus qu’à patienter jusqu’au départ pour l’aéroport demain matin.
Alex fait ses devoirs dans le salon.
Pendant que Loïc et Victor jouent ensemble.
A la télé, un programme vantant les atouts de Cuba, la “république unitaire des ouvriers et paysans”, passe en boucle
On prépare les sacs à dos.
Et maintenant repos.
Il y a une cuisine mais on ne peut pas l’utiliser, elle est réservée à Gretel notre propriétaire.
Bon, on réalise que pour prendre l’avion pour les USA il y aura une tonne de formalités pour passer au service d’immigration.
On risque de nous demander une adresse d’hébergement à Las Vegas. Et notre réservation initiale est prévue dans 3 semaines et pas pour demain
Donc ça peut coincer si on n’en a pas.
On retourne donc à l’hôtel pour essayer de modifier par internet notre réservation sur booking.
On reprend un coupon internet.
Oui mais… à cette date (demain on sera en plein week-end) c’est difficile de trouver un hôtel à Las Vegas. C’est bondé.
Et surtout, on voit s’afficher sur l’écran de l’annonce booking : ” Vous ne pouvez pas réserver sur ce site depuis le pays où vous vous trouvez !! “.
Bizarrement, on n’est pas étonnés… c’est la tuile!
Heureusement le site airbnbn est accessible. Au total seulement 2 propositions pour demain. A Las Vegas, les casinos-hotels sont rois et il n’y a presque pas d’autre choix. On finit par réserver à l’arrache un appartement Airbnb en partage (en gros avec des colocataires) excentré et cher. C’est bof mais on n’a pas d’autre choix.
Durant tout ce temps bien évidemment les enfants ont été très “toniques”. Ils ont en marre d’être trainés en pleine ville depuis deux jours. Ils subissent nos galères et nos mauvais choix. S’obstiner à vouloir découvrir Cuba de manière autonome n’était pas une bonne idée.
Mais on espère rebondir de plus belle. On va profiter de notre dernière soirée ici. On se balade sur le très chic et touristique Paseo Marti bordé par ses belles demeures.
Nos amis les Bomberos
L’Alliance Française
Notre quartier, plus populaire est à 2 pas d’ici.
On décide de manger
On s’arrête en chemin au restau pour les locaux que notre taxi nous a conseillé (dans notre rue) “Donde Adrian”. L’accueil est étrange selon Madame Glück ou sympa selon Sieur Glück. C’est la première fois qu’on mange véritablement avec les gens du quartier. Les plats sont moyens selon Madame Glück ou plutôt excellents selon Sieur Glück car il a la dalle (il se sent affamé depuis qu’on est à Cuba). Ici au moins, depuis la première fois qu’on est à la Havane, il y a la quantité et en plus c’est nettement moins cher que les resto à touristes. Sieur Glück est conquis et les enfants aussi.
On rentre à pied sous la pluie
Au retour, on réalise que notre logement est partagé. En fait on vit avec la Dame chez elle et on va devoir cohabiter avec elle… Nous avons juste une chambre privative chez elle pour nous 5 avec un grand lit et un petit lit.
Les parties communes comme la cuisine et le salon sont pour elle.
Elle a étendu sur le balcon les sous-vêtements qu’on avait fait sécher sur le fauteuil dans son salon.
Mais bon, elle est plutôt sympa cette Gretel ! Gentille avec les enfants et elle nous fait même un café . Elle tient absolument à nous parler en anglais, no problemo (même si on est plus à l’aise avec la langue espagnole) !
Elle nous raconte que sa fille vit depuis 7 ans aux Pays-Bas. On s’aperçoit qu’une bonne partie des cubains cherchent à s’expatrier dès qu’ils le peuvent.
On va finalement se coucher.
On passera une nuit pourrie. Il y a une sorte d’émeute en bas de chez nous, on n’est vraiment pas rassurés. Des cris des bruits de sirènes et de sifflets à 4 heures du matin. On est à des années lumières de l’idée d’ambiance paisible qu’on se faisait de La Havane. La ville a subi des émeutes toute la nuit sous nos fenêtres. En ce moment ce sont les élections cubaines…
On ne se sent vraiment pas en sécurité ici , c’est un peu comme au Brésil, voire pire. Hâte d’être demain !
Le lendemain, on est réveillés avant le réveil, debout bien à l’heure. On a hâte de quitter Cuba. La casquette du Che restera ici. Pas question de l’embarquer. Nos illusions se sont envolées…
Adios Cuba !
Il est un peu avant 8 heures. Les collégiens vont à l’école
Notre Taximan arrive en avance. On est prêts à sauter dans sa superbe voiture rouge.
Adios El Capitolo !
Vite ! Direction l’aéroport
On fait nos adieux à notre taximan. Heureusement qu’il était là lui ! Une rencontre incroyable, sincère et chaleureuse. Depuis 24 heures c’est grâce à lui qu’on est sortis de cette galère. Adios !
Notre vol n’est pas encore indiqué, on va prendre un ” petit déjeuner ” à la cafétéria à l étage. Un bar de chaque côté de l escalier, mais à celui où on se présente, on nous grogne que c’est fermé et qu’il faut aller à l autre. Même plus envie de mon café mais on y va car les enfants voudraient du jus et des
biscuits.
La queue est énorme et tout à coup un être humain ? Homme, femme …? A la voix et au caractères indéterminés, obèse, voix rauque, habillé en treillis mais quelques éléments finissent par me faire penser que c est une femme vient me prévenir qu’elle me passera devant car c est sa place dans
la file, mais qu elle s etait assise parce que pas envie d attendre debout . Ben voyons …. elle est rejointe par un homme habillé en homme mais couvert de bracelets et bagouses, un vrai arbre de Noël . On a sans doute du oublier de leur dire que carnaval c est fini…
On va ensuite au Check in qui n est pas annoncé mais qui a pourtant démarré… à nouveau une attente interminable…
Victor, épuisé, s’endort et il faut le porter.
Le mec qui nous enregistre est un corniaud de première qui ne comprend rien à rien et qui finit par aller chercher sa chef, désespéré qu’il est parce qu’ on lui a demandé de ne pas séparer notre famille dans l’avion; il est au bord des larmes le pauvre. Il appelle sa chef ,qui n’est pas hyper percutante non plus , mais bienveillante , c est déjà ça!
Les bagages enregistrés on va tenter de changer nos derniers CUC avant de passer la sécurité.
La fille du guichet me demande contre quelle monnaie je veux les changer, je lui réponds dès USD et là, elle feuillette rapidement une liasse de devises étrangères et elle me dit : ça va pas être possible, je n’en ai plus
Malheureusement pour elle je connais parfaitement le billet vert et même si elle à fait ça à toute vitesse,Je les ai repères!
Je lui demande donc de bien vouloir vérifier car il me semble en avoir vu … ben oui, finalement il lui en reste un peu, ça tombe bien !
On passe la sécurité sans souci particulier puis on se retrouve à nouveau dans une queue énorme à la Douane . La tuile , il s agirait pas qu on loupe l avion ! Alors je tente le tout pour le tout . Pendant que Glück se place
dans la file, je pars avec les enfants tout devant, je repère une employée qui n a pas l air trop désagréable et, avec un beau sourire, je lui demande si il n y a pas possibilité de faire passer plus rapidement une famille nombreuse avec 3pauvres enfants fatigués dont 2 pequenitos . Elle se laisse amadouer, et on passe immédiatement !
On touche le but. Notre avion est là pour nous emmener à Charlotte!
On est fatigués, épuisés, stressés mais heureux !
Pas sûr du tout qu’on puisse rester aux USA car en théorie, depuis un an avec le bloqueo contre Cuba, il est interdit de rentrer aux USA après avoir séjourné à Cuba sans une des 10 raisons valables autorisées par les USA. Mais on a une raison valable…